Santé mentale

Automutilations : comment mesurer au mieux ces actes de plus en plus fréquents chez les adolescents ?

Les automutilations non suicidaires sont de plus en plus fréquentes chez les adolescent(e)s. Cependant, les méthodes utilisées pour les évaluer influencent l’estimation de leurs prévalences sans savoir quels groupes d’adolescents sont identifiés par telle ou telle méthode de mesure, ni ce qui les caractérisent.

Une étude suédoise tente de répondre à ces interrogations à partir de 2 mesures de prévalence réalisées à partir d’un item unique et d’une check-list d’évaluation du comportement au sein d’un échantillon de 266 adolescents(e)s, âgé(e)s en moyenne de 14.21 ans et composé de 58.3 % de femmes. Les prévalences estimées et la caractérisation des différents groupes identifiés ont été comparées.

Au total, 118 (44,4 %) participants ont reconnu s’être automutilés au moins une fois. Parmi ces 118 adolescents, 55 (20,7 %) l’ont exprimé à partir de l’item unique, et 63 (23,7 %) l’ont confirmé sur la check-list d’évaluation du comportement en le niant à la question à item unique.

Les groupes différaient de manière significative : ceux ayant répondu « oui » à la question simple étaient plus graves : avec des scores plus élevés de difficultés de régulation émotionnelle, à la critique du geste, le nombre de techniques d’automutilation utilisées, une fréquence plus élevée, des taux plus élevés d’idées et de comportements suicidaires, et un score moyen plus faible de qualité de vie. Les cas les plus sévères n’étaient cependant pas tous identifiés par cette question unique.

Une analyse en grappes a été réalisée sur cet échantillon. Les groupes identifiés ont été comparés à ceux définis par les 2 types de mesures. 3 groupes ont été identifiés (cf. graphique), dont 2 correspondants à ceux identifiés par les mesures à item unique et les mesures de la liste de contrôle comportementale.

Ces résultats seraient donc en partie conditionnés par le type d’outil de mesure utilisé, et les caractéristiques des groupes interrogés.

Principales lésions auto infligées : coupure, brulure, griffure, frottement, morsure, pincement, coups, retard à la cicatrisation et sculpture sur corps.

Visualisation de l’analyse des clusters. Note : NSSI : automutilation non suicidaire. DERS-16 : Difficulties in Emotion Regulation Scale- short version (des scores plus élevés reflètent des difficultés plus importantes) [54] ; SRS, Self-Rating-Scale (des scores plus élevés reflètent un plus grand degré d’autocritique).

 

Source : Measurement and stratification of nonsuicidal self-injury in adolescents. E Aspeqvist, H Andersson, L Korhonen et al. BMC Psychiatry. 2024 Feb 7;24 (1):107.

doi: 10.1186/s12888-024-05535-3.